Le football moderne a pris son essor avec la création de la Football Association. Cinq ou six réunions entre différents clubs londoniens ont permis, en l'espace de dix mois, d'établir un code commun. Ces rencontres ont révolutionné le football, transformant des règles orales en règles écrites.
Les Origines du Football Moderne
Au milieu du XIXe siècle, le football se pratiquait dans les Public Schools avec des règles variables, empêchant les rencontres entre établissements. Les règles pouvaient changer d'un jour à l'autre, voire d'une mi-temps à l'autre, selon l'accord des capitaines avant le match. Il n'y avait pas de lignes de terrain, et divers jeux de balle, utilisant principalement les mains ou les pieds, coexistaient. Le règlement de 1863 autorisait même l'arrêt de volée du rugby.
D'anciens étudiants de ces écoles souhaitaient jouer ensemble et créer des clubs, ce qui nécessitait un code commun pour arbitrer entre les différentes tendances, certaines étant plus violentes que d'autres. Les tenants du "hacking" et du "droit de charge" étaient présents, mais leur pratique dépendait des terrains de jeu, qu'il s'agisse de cours pavées ou de pelouses, entourées ou non de murs.
Harmonisation et Internationalisation
La nécessité d'harmonisation s'est renforcée après 1863. Les trains facilitaient les déplacements vers d'autres villes, et la création de la Cup en 1871 a donné une dimension nationale au football. Un accord a été trouvé sur le nombre de joueurs (onze), la présence d'une cage et d'un gardien. Les quatre nations britanniques ont organisé un Championship, et cette internationalisation a incité à la création d'une institution commune, le Board, formé en 1882 et officialisé en 1886.
Après l'étape cruciale de 1863, les règles ont continué d'évoluer sensiblement pendant plusieurs décennies, jusqu'en 1925. La transformation des "umpires" (juges) en "linesmen" (arbitres de touche) et l'entrée du "referee" (arbitre central) sur le terrain ont marqué une révolution dans la dévolution du pouvoir. Les joueurs ont perdu le contrôle du match et ont cessé de discuter les décisions, celles de l'arbitre étant sans appel. L'arbitre disposait d'une gamme de sanctions: avertissement, expulsion, et coup de pied de réparation (le point de penalty a été créé à ce moment-là).
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La Révolution de 1925 et les Ajustements Ultérieurs
La réforme du hors-jeu en 1925 est le dernier grand changement des lois du jeu. À l'époque, Newcastle United abusait de la règle du hors-jeu pour empêcher tout jeu d'attaque, ce qui multipliait les interruptions et réduisait le nombre de buts. Le Board a alors décidé que ce ne seraient plus trois, mais deux défenseurs qui seraient pris en compte pour établir une position de hors-jeu.
Entre 1925 et les années 1970, les règles ont été relativement peu retouchées en raison de la mondialisation croissante du football. Les principaux bouleversements ont concerné la création des grandes compétitions internationales. En 1937, Stanley Rous, ex-arbitre international, membre du Board, président de la FA, et futur président de la FIFA, a toiletté les règles sans les modifier significativement, les réécrivant sous la forme des dix-sept lois du jeu qui perdurent jusqu'à aujourd'hui.
Modernisation et Dynamisation du Jeu
Une phase importante de rénovation des lois du jeu a été entreprise, notamment en raison du faible nombre de buts inscrits lors des Coupes du monde et de la forte baisse du temps de jeu effectif. La fin de l'autorisation, pour le gardien, de prendre avec les mains une passe au pied d'un coéquipier est la réforme la plus notable de cette période, en 1992.
Avec la mise à disposition de multiples ballons autour du terrain, un décompte plus encadré du temps additionnel, la sanction plus systématique des fautes d'antijeu, et la règle selon laquelle un joueur n'est plus hors-jeu s'il est sur la même ligne que le défenseur, l'objectif était de redonner du dynamisme au jeu et du pouvoir aux attaquants.
Protection des Joueurs et Réduction de l'Aléatoire
De nos jours, les joueurs, les "artistes", sont beaucoup mieux protégés, les tacles sont moins dangereux, moins nombreux et de moins en moins utiles. La tolérance envers la violence a considérablement diminué, de même qu'envers les provocations contre les adversaires et le public. Aujourd'hui, aucun mauvais geste n'échappe aux caméras, et la manière de considérer les meilleurs joueurs a changé.
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Les règles sont constamment rééquilibrées au profit de l'attaque, car les défenses trouvent inévitablement la solution. La volonté de réduire la part de l'aléatoire est une autre constante. L'introduction de la séance de tirs au but visait à éviter que les matches ne se dénouent à pile ou face. L'adoption des filets pour les cages en 1895 procédait de la même logique que la Goal Line Technology (GLT) plus récemment: il faut que le but soit correctement validé ou invalidé. Avec la VAR, on cherche aussi à ce que le football soit moins aléatoire et à améliorer une forme de justice sportive.
Enjeux Économiques et Arbitrage Technologique
La pression du résultat est devenue celle des enjeux économiques. Les présidents de club rappellent les pertes financières liées à une non-qualification en Ligue des champions. On croit qu'une erreur d'arbitrage peut coûter des dizaines de millions d'euros.
L'arbitrage technologique a connu des évolutions significatives. Initialement, le Board voulait que la révolution technologique s'arrête au bord du terrain et que les décisions restent humaines. Cependant, la polémique sur le but non accordé à Frank Lampard lors de la Coupe du monde 2010 a conduit la FIFA à reconsidérer sa position.
Gianni Infantino, à la tête de la FIFA en 2016, a lancé une expérimentation de la VAR sur deux ans et mille matches. Après trois mois, il a annoncé que la VAR serait à l'œuvre lors de la Coupe du monde 2018, avec l'objectif de corriger les erreurs, réduire les contestations et augmenter le temps de jeu. Les instances ont sous-estimé les difficultés, comme le risque de prendre trop de temps et l'augmentation des interruptions du jeu.
Les Défis Actuels et l'Avenir du Football
La FIFA s'était assignée l'objectif d'améliorer la fluidité du jeu et la qualité du spectacle, avec une vision à long terme pour le football de demain. Le mot d'ordre était de "redynamiser le football".
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Il est essentiel que le football respecte ses règles essentielles et procède par retouches pour conserver sa spécificité. L'arbitrage vidéo, bien qu'exaspérant, ne menace pas vraiment le football. La VAR devait aider à mieux interpréter les lois du jeu, en postulant que si la situation à juger était compliquée, il valait mieux s'y mettre à plusieurs.
Michel Platini invitait les partisans de l'arbitrage vidéo à inventer un autre jeu. Aujourd'hui, c'est ce qu'on est en train de faire. Il faut montrer que l'on se sert d'un outil qui coûte cher, convaincre les spectateurs qu'il est utile, qu'il y a un progrès.
La FIFA a créé deux commissions sur le jeu et les règles, a missionné Marco van Basten pour réfléchir au football du futur, et a nommé Arsène Wenger directeur du développement et l'a placé au Board. Marco van Basten a fait des propositions, allant jusqu'à envisager la suppression du hors-jeu. Certaines propositions pourraient être expérimentées, comme l'interdiction des remplacements en fin de match ou le temps de jeu effectif durant les dix dernières minutes.
Football Connecté et Spectacle Assuré
Au début des années 2010, le football avait l'image d'un sport rétrograde à l'égard des technologies. Aujourd'hui, on vend l'image d'un football connecté dans des stades connectés, que les spectateurs suivent sur l'écran géant comme sur leur écran de smartphone. C'est la logique du "sport augmenté", dans lequel les joueurs eux-mêmes sont connectés avec des GPS.
Quand on regarde un match de Ligue des champions, on se dit qu'il n'y a pas de problème de règles, que le spectacle est assuré. Certains acteurs, les diffuseurs notamment, cherchent à exercer une influence, à rendre les rencontres plus spectaculaires, notamment au travers de la réalisation télévisuelle. On supprime déjà les prolongations dans certaines compétitions, pour rester dans le format des quatre-vingt-dix minutes.
Il est essentiel que le football respecte ses règles essentielles et procède par retouches pour conserver sa spécificité. Même l'arbitrage vidéo ne le menace pas vraiment, aussi exaspérant soit-il.
Les Règles de Cambridge: Un Jalon Fondateur
Les règles de Cambridge, élaborées en 1848 par des étudiants de l’Université de Cambridge, ont posé les bases du jeu que nous connaissons aujourd’hui. Au début du XIXᵉ siècle, le football existait sous diverses formes, chaque institution ou région suivant ses propres traditions. À Cambridge, les étudiants, venant de différentes écoles, ressentaient le besoin d’une codification commune.
La réunion eut lieu dans un bâtiment de l’Université de Cambridge, au Trinity College. Parmi les participants figuraient d’anciens élèves d’écoles prestigieuses comme Eton, Harrow et Rugby. Ces jeunes passionnés discutèrent des différents aspects du jeu pendant plusieurs jours. Leur objectif était d’éliminer les malentendus et permettre à tous de jouer sur un pied d’égalité.
Les règles de Cambridge comprenaient des principes fondamentaux qui distinguaient ce sport des autres formes alors pratiquées. Elles interdisaient de porter le ballon avec les mains, sauf pour le gardien, limitaient l’usage de la violence, et intégraient le hors-jeu dans une forme primitive.
Les règles de Cambridge marquent le passage d’un jeu désorganisé à un sport structuré, introduisant des concepts d’équité et de sécurité. Elles servaient de base aux discussions qui aboutirent à la création des règles de la Football Association (FA).
Bien que les règles de Cambridge aient évolué, leur influence reste évidente dans le football actuel. Elles ont introduit l’idée de codification, essentielle pour garantir un jeu équitable, et ont jeté les bases d’un sport universel. Elles ont également contribué à la séparation entre le football et le rugby.
Les règles de Cambridge illustrent l’importance de la standardisation dans le sport, permettant à différentes écoles et clubs de jouer ensemble, ouvrant la voie aux premières compétitions. Elles sont considérées comme une étape fondatrice du football moderne et incarnent l’esprit du football : un sport fondé sur le respect des règles et l’envie de rassembler.
Les Premières Compétitions et l'Évolution du Jeu
Il est logique que la première compétition de football ait été organisée en Angleterre. En 1871, Charles Alcock, membre de la Football Association, a eu l'idée de créer la FA Cup, une compétition à élimination directe à laquelle tous les clubs affiliés pouvaient participer.
La FA Cup a fait des émules en France, mais il a fallu attendre 1917 pour qu'une telle épreuve y soit organisée. La Coupe de France a été créée en hommage à Charles Simon, dirigeant sportif français mort durant la Première Guerre mondiale, et ouverte à tous les clubs du pays.
Deux ans après la première Coupe de France, la Fédération française de football a été créée et le football français s'est dirigé peu à peu vers la professionnalisation, déjà bien en place en Angleterre.
Jules Rimet est aussi à l'origine de la première Coupe du monde de football qui a eu lieu en 1930 en Uruguay.
La Coupe des clubs champions s'est organisée plus tardivement que les autres épreuves, à partir de 1955.
L'Impact des Règles sur le Jeu
Loin d’être collectif à l’origine, le football le devint surtout par l’introduction d’une nouvelle règle décisive: le passing game. Apparu dans les années 1860, le passing game bouleversa les certitudes en place. Avant cela, le football était un dribbling game : un joueur récupérait le ballon, tentait de dribbler ses adversaires avant de marquer. S’il échouait, un adversaire récupérait le ballon pour tenter à son tour de marquer en dribblant tout le monde et ainsi de suite.
Implanté au Nord du territoire dans les années 1860, il a fallu près de vingt ans pour que le passing game se généralise sur les terrains de Grande-Bretagne. Les Écossais, adeptes de cette méthode, ont alors dominé le football britannique.
Les Évolutions du Règlement Après la Seconde Guerre Mondiale
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les 17 règles du football sont restées intangibles, mais elles ont été adaptées au cours des différentes Coupes du monde par les juges de l’Ifab, l’International Football Association Board, un organisme distinct de la Fédération internationale et seul habilité à faire évoluer le règlement.
L’apparition des cartons jaunes et rouges, la possibilité de remplacer un joueur, et la limitation de la passe en retrait au gardien sont des exemples d'évolutions qui ont profondément transformé le jeu.