Le volley-ball, sport collectif par excellence, suscite un intérêt constant tant au niveau scolaire que professionnel. L'exemple de Jacob Pasteur, joueur issu du championnat universitaire américain et ayant évolué en Ligue A, illustre les défis et les opportunités rencontrés par les jeunes talents dans ce sport.
Le Volley-ball Scolaire : Entre Difficultés d'Apprentissage et Valeurs Éducatives
Le volley-ball scolaire se trouve souvent confronté à une contradiction : il est largement programmé en EPS (Éducation Physique et Sportive), mais les enseignants soulignent fréquemment les difficultés d'apprentissage rencontrées par les élèves. Comment justifier cette programmation massive si les enseignants semblent peu confiants quant à leur capacité à favoriser des acquisitions significatives ? Comment expliquer que "l'éternel débutant" soit un cas fréquent en terminale, malgré une programmation apparemment conséquente tout au long de la scolarité ?
Une explication réside dans l'idée, encore répandue chez les enseignants, que le volley-ball est "le sport collectif le plus collectif". La relation à l'autre, la communication, la coopération, le "jouer ensemble"… sont des valeurs éducatives omniprésentes dans les projets d'EPS. Le volley-ball se justifierait donc comme une APSA qui posséderait intrinsèquement ces valeurs. Les contenus enseignés se construisent alors à partir d'une entrée par la coopération. Jouer au volley-ball à l'école doit permettre de développer le "jouer avec l'autre" d'une manière plus significative qu'en football ou en basket-ball, sports où les exploits individuels sont surreprésentés dans les comportements des élèves. En quelque sorte, autant l'exploit individuel et donc, la possibilité de comportements déviants ("individualistes"), serait envisageable dans les sports collectifs permettant le blocage du ballon, autant en volley-ball, ces comportements paraissent impossibles : d'où une aversion de la profession pour le « renvoi direct ». Qui, en effet, n’a pas entendu un(e) enseignant(e) d’EPS ou un(e) entraîneur(e) de club demander à leurs débutants de « conserver », « garder » la balle, « faire des passes » et surtout « construire en 3 passes » ?
La conservation est donc le graal pédagogique du volley-ball scolaire. Le volley-ball est le « sport collectif le plus collectif ». Seul, on ne peut pas gagner en volley-ball… sans doute mais, à quelles conditions les partenaires sont-ils des solutions adaptées aux problèmes vécus et non, eux-mêmes, des problèmes ?
Un second aspect de la contradiction de l’enseignement relativement massif du volley-ball à l’école est sa soi-disant « technicité ». Si l’on se réfère à une conception élargie et relativement admise de la « technique » vue comme « l’ensemble des procédés que les hommes élaborent, accumulent et transmettent pour réussir dans des tâches concrètes » on peut considérer que toutes les APSA ont élaboré, accumulé et transmis des techniques. Qu’est-ce qui ferait qu’une technique en volley serait « plus technique » qu’une technique en football, gymnastique ou escalade ? Est-il possible, intéressant, pertinent… de hiérarchiser des techniques dans ce qu’elles seraient les unes plus « techniques que d’autres » ? D’où vient cette idée d’une sur-technisation du volley-ball ?
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La "Technicité" du Volley-ball : Une Question de Contraintes Réglementaires
Dire d’une activité humaine et, a fortiori sportive, qu’elle « est technique » est un abus de langage. La forte pression temporelle, l’immédiateté entre l’entrée en possession du ballon et ce que le joueur doit en faire fait des techniques utilisées une particularité dans les sports collectifs, mais pas une « supériorité ».
La forte pression temporelle, l’immédiateté entre l’entrée en possession du ballon et ce que le joueur doit en faire fait des techniques utilisées une particularité dans les sports collectifs, mais pas une « supériorité ».
La forte pression temporelle, l’immédiateté entre l’entrée en possession du ballon et ce que le joueur doit en faire fait des techniques utilisées une particularité dans les sports collectifs, mais pas une « supériorité ».
Il y a deux versants à cette question : un versant conceptuel sur la confusion entretenue entre technique et contraintes réglementaires et un versant historique et didactique sur le processus de déconstruction-construction de l’activité des joueurs pour déterminer ce qu’il faut enseigner ou entraîner. Premièrement, dire d’une activité humaine et, a fortiori sportive, qu’elle « est technique » est un abus de langage. En revanche, on peut, dans le cadre d’une analyse comparative entre les habiletés motrices usuelles d’un être humain et les contraintes du contexte dans lequel le plonge un règlement sportif, émettre l’hypothèse d’un plus ou moins fort déséquilibre de la première par le second, mais aussi et dialectiquement, l’action de l’évolution des techniques (réponses adaptées des humains sur l’évolution du contexte règlementaire). Les contraintes et ressources réglementaires des pratiques sportives compétitives en sont leur carte d’identité. Elles les caractérisent. Elles sont hiérarchisables. Les analyses en sport collectif sont nombreuses à démontrer les différences de formes et les similitudes de fonds entre les différents sports collectifs (Éloi & Uhlrich, 2001). Néanmoins, à aucun moment des techniques ne sont hiérarchisables. Les contextes le sont. En ce sens, cet abus de langage évoquant une sur-technisation du volley, reflète plus la différence essentielle entre le volley-ball et les autres sport-collectifs : la frappe de volée.
C’est de cette contrainte réglementaire fondatrice que naissent les problèmes techniques propres et exclusifs au volley-ball. Les modalités de réception-transmission du ballon ne permettent aucun blocage du ballon. Les techniques utilisées sont donc des frappes, plus proches du tennis et du badminton que du handball et, aussi, relativement proches des techniques en football. Cet interdit fondateur du blocage du ballon place donc les techniques du joueur de volley-ball hors du cadre habituel de l’analyse des décisions technico-tactiques des sport-collectifs. Le « recevoir-identifier-choisir-exécuter » dans lequel un processus cognitif logique serait activé est donc, naturellement, questionnable en volley-ball. Il a d’ailleurs été très bien démontré (Roche, 2011) que, même au plus haut niveau avec ceux que l’on a tendance à présenter comme les virtuoses de la vision du jeu (les passeurs), l’activité informationnelle et décisionnelle ne répond pas à ce cadre.
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C’est donc bien ici qu’il faut chercher les raisons d’une représentation sur-technicisée du volley-ball. La forte pression temporelle, l’immédiateté entre l’entrée en possession du ballon et ce que le joueur doit en faire fait des techniques utilisées une particularité dans les sports collectifs, mais pas une « supériorité ».
Le deuxième versant de cette sur-technicité du volley provient de l’analyse formelle de l’activité et de la didactisation qui en découle. J’y reviendrai plus tard mais en quelques mots, l’analyse formelle donne à voir un ensemble d’événements successifs qu’il faudrait enseigner (service - réception - passe - attaque - contre - défense - passe de transition…). Les publications spécialisées scolaires et fédérales présentent alors l’activité comme une somme de « techniques » à acquérir. 1. 1. 1. 13Les activités physiques de confrontations codifiées par rapport à des milieux physiques, sociaux dans un but performatif sont, en ce sens, des « milieux propices à l’invention et à l’emprunt technique » (Leroi-Gourhan, 1945, p. 512). Les sports, dans ce qu’ils contiennent de contraintes (spatiales, temporelles, règlementaires, sociales) sont autant de milieux à l’intérieur desquels l’humain déploie son inventivité technique pour résoudre des problèmes auxquels il est confronté. La technique est donc, face à un problème rencontré, la réponse la plus adaptée. La notion qui me paraît alors centrale dans cette dynamique est celle de BESOIN technique. En effet, l’invention, la transmission, l’acquisition de techniques répond à un BESOIN. Enseigner renvoie alors à une activité de création de contextes faisant apparaître un besoin technique tout en proposant des procédures d’acquisition-stabilisation-adaptation de ces outils techniques. Le contexte performatif : il donne sens à l’engagement des individus. La recherche de la performance (victoire) est un élément fondamental du contexte d’apparition et de besoin technique. Le problème à résoudre : il est souvent le grand absent de l’enseignement. Pour quelle raison apprend-on à attaquer la cible adverse en smashant ? À quel problème tend à répondre une frappe de balle sous le niveau des épaules en « manchette » ? Cette notion amène deux plans de questionnements : il n’est sans doute pas nécessaire d’apporter des réponses à des questions qui ne se posent pas.
Rapport Attaque-Défense : Une Dynamique Constante
Nos propositions didactiques s’appuieront donc sur ces trois notions. 1. 2. 15Sur ce thème, les deux approches fondatrices sont celle de Metzler et Fournier (Fournier, 1997 & Metzler, 1996) qui présentent la dynamique évolutive de l’activité à travers l’analyse croisée de « facteurs externes » (médias, matériaux…) et de « facteurs internes » au jeu lui-même (inventions technico-tactiques). Metzler démontre, ainsi, l’aspect vivant d’une pratique sociale. Elle naît, évolue, se développe, stagne et risque autant de disparaître que de devenir un phénomène planétaire. Les évolutions du volley-ball sont consubstantielles à la notion de rapport de forces entre l’attaque et la défense.
Notion transversale en sports collectifs, le rapport attaque-défense (rapport A/D) est une représentation de l’état de l’opposition entre l’attaque et la défense. L’équipe attaquante étant celle qui possède le ballon, une situation de supériorité de l’attaque sur la défense est patente si la majorité des entrées en possession du ballon entraîne l’atteinte de la cible. Dans cette situation, la défense n’a pas les “moyens” suffisants pour s’opposer à l’atteinte de sa cible et inversement, l’attaque dispose de moyens importants pour l’atteindre. La complexité de cette notion réside bien dans le terme de “moyens”.
L’analyse de cette complexité peut se réaliser selon deux axes. Un axe historique qui tente de montrer comment le haut-niveau a, par exemple, géré les espaces de liberté réglementaire pour inventer, diffuser des techniques et des tactiques. Cette approche épistémologique retrace de manière dynamique l’apparition et la disparition des savoir-faire technico-tactiques en les intégrant dans un processus historique de résolution de problèmes. Un axe synchronique qui permet de situer l’état du rapport A/D en fonction des lieux et des niveaux de pratique. Cette approche tente de donner du sens, à un moment donné, aux productions technico-tactiques au regard des contraintes réglementaires présentes dans le jeu.
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Le football est caractéristique d’une supériorité de la défense sur l’attaque. Au regard du nombre d’entrées en possession du ballon par équipe en quatre-vingt-dix minutes, le nombre de fois où la cible est atteinte est très réduit. La défense en football réussit facilement à empêcher l’atteinte de la marque. En d’autres termes, de par les contraintes réglementaires, les qualités motrices des joueurs et organisationnelles des équipes, il est plus facile d’empêcher de marquer que de marquer dans le football de haut-niveau actuel. En volley-ball la situation est, semble-t-il, bien différente. L’équipe en possession détient une chance certaine de marquer car l’équipe en défense dispose de moyens moins importants pour l’en empêcher. La supériorité est à l’attaque dans la mesure où les scores (à l’intérieur d’une rencontre équilibrée) se suivent et que les avantages ne se réalisent que lors de pertes de ballons offensifs (fautes directes de l’attaquant), de défenses directes (contres) ou différées (relances) ou bien, encore, de points directs au service. Dans le volley-ball de haut-niveau, il est plus facile, actuellement, de marquer que d’empêcher de marquer. Il en a toujours été ainsi mais peut-être plus encore depuis les dernières évolutions réglementaires (pour des compléments sur ce sujet, voir Éloi, 1999 et Legris, 1999). Cette comparaison a pour objectif d’éclaircir et de donner un exemple parlant sur cette notion de rapport attaque-défense en sports collectifs. Elle a, bien évidemment, déjà fait l’objet de travaux plus approfondis avec l’utilisation d’outils permettant la quantification des actions.
Pierre Parlebas avait calculé un indice révélateur de l’état du rapport A/D lors des championnats du Monde de volley-ball de 1986. Le nombre moyen de franchissements du filet (service inclus) par échange était de 2,4. (Jacob, 1990). Si l’on se réfère à cet indice, une rencontre dont le nombre moyen de franchissements par échange est inférieur à 2,4 est, le plus souvent, le signe d’une supériorité de l’attaque sur la défense. À l’inverse, une rencontre à l’intérieur de laquelle les échanges durent en moyenne plus de 2,4 franchissements fait état d’une supériorité de la défense. Cette notion de nombre de franchissements est caractéristique de la plus ou moins grande facilité à atteindre la marque. Plus la cible est facile à atteindre moins les échanges sont importants en nombre. L’équipe en attaque n’ayant pas besoin de beaucoup de tentatives de tirs pour atteindre la cible. Cette idée est sous-tendue par le fait qu’en volley-ball tout franchissement du filet par le ballon est un TIR. Le ballon envoyé, avec plus ou moins d’efficacité en fonction du niveau des défenseurs, vers la cible doit être vu comme une tentative de tir. Les défenseurs sont alors tous des gardiens de « but ».
Depuis sa création au milieu du siècle, les évolutions réglementaires, techniques et tactiques du volley-ball ont sans cesse navigué, de manières complexes et interactives, pour rééquilibrer le rapport attaque-défense. L’égalité des chances entre l’attaque et la défense doit être préservée. Lorsque l’attaque prend l’ascendant sur la défense, les commissions réglementaires tentent de redonner des moyens à la défense et/ou de diminuer les moyens dont dispose l’attaque. L’attaque est alors, de manière relative, confrontée à de nouveaux problèmes. Ces périodes sont riches en inventions techniques, en réflexions stratégiques, en recherches de développement physique. Cette dynamique représente la vie des pratiques culturelles.
Dans le milieu des années 60, l’activité a connu une crise d’intérêt dans la mesure où les attaques avaient lieu systématiquement aux ailes et étaient indéfendables. Ces trois règles ont eu pour effet de limiter spatialement la zone de tir et d’éloigner les attaquants de la cible, donc, de rééquilibrer le rapport A/D en faveur de la défense. Le rétrécissement de l’espace d’attaque ainsi que le franchissement des mains ont rendu moins efficaces les attaques aux ailes. L’adaptation offensive se réalisa par le développement de rythmes d’attaques plus rapides à proximité du passeur pour retenir un contreur. L’incertitude ainsi créée devenait temporelle et spatiale. Les attaquants et les passeurs ont dû développer des savoir-faire techniques, les entraîneurs ont dû construire des combinaisons d’attaque en surcharge pour s’adapter aux problèmes posés par les nouveaux moyens accordés aux défenseurs. Les attaquants se sont adaptés, ont progressé, ont stabilisé des nouveaux moyens qui les rendent de nouveaux supérieurs à la défense en attendant une nouvelle évolution réglementaire. Historiquement, le rapport A/D a toujours été en faveur de l’attaque.
Cette dynamique montre l’impossible mais indispensable quête d’équilibr…
Jacob Pasteur : Un Exemple de Parcours Universitaire et Professionnel
L'expérience de Jacob Pasteur illustre le passage du volley-ball universitaire américain à la Ligue A. Son parcours soulève des questions sur la compétitivité des différents championnats et les défis d'adaptation pour les joueurs.
Il arrive du championnat universitaire, ou il était un des meilleurs joueur et surtout serveur, et des services à plus de 130 kmh…On voit bien Qu en ligue A il n est ni titulaire indiscutable, ni même dans les meilleurs serveurs
Sans faire offense à Jacob Pasteur, mais Cooper Robinson, Simeon Nikolov, Andrew Rowan, Skyler Varga, Cameron Thorne… c'est des joueurs d'un autre calibre.
Simeon Nikolov : Un Talent Prometteur
Simeon Nikolov est un exemple de joueur universitaire américain très prometteur. Certaines personnes pensent qu'avec Simeon Nikolov on rentre dans une nouvelle ère de passeur hyper dominant. On a là affaire a peut-être le meilleur passeur pour les 10-15 prochaines années. Les rumeurs l'envoient déjà à Kazan ou club majeur italien l'an prochain.
Il vient d'ailleurs de décrocher le record de vitesse de service en NCAA avec un ace à 129kmh. Nouveau record en NCAA encore et toujours pour Simeon NIKOLOV qui bat son précédent record de vitesse de service avec 135kmh. Pas loin du record, tout courtle dernier je crois que c'est Leon à 138. Et ce gamin vient à peine d’avoir 18 ans.
Au sujet de Nikolov, certains le voient bien, au fil de sa carrière, prendre le post de pointu, tellement il est athlétique (un peu à la Nimir). C'est un peu le sujet qui déchire le net, sur certains matchs contre des équipes plus faibles, le deuxième passeur rentre et ils jouent donc avec deux pointus. On parle là d'un passeur qui touche…365.
Trajectoires et Adaptations : De Passeur à Attaquant ?
Une trajectoire à la Nimir : de passeur à attaquant ? Il est quand même meilleur passeur que ne l'était Nimir, mais c'est vrai qu'il s'en rapproche du style très très offensif. Autant je veux bien entendre qu'il pourrait devenir très bon offensivement et donc prendre la trajectoire à la Nimir en travaillant, autant il a des mains fabuleuses pour son jeune âge en tant que passeur… Incomparable pour moi et je vais aller plus loin; cela serait un gâchis qu'il change de poste. Oui exactement ça serait vraiment dommage, il est le stéréotype du passeur de demain. Des passeurs qui en plus d'avoir des mains exceptionnelles (son renversement arrière c'est quand même quelque chose…) ont une dimension physique (2m07 dans son cas) et deviennent de véritables armes supplémentaires lorsqu'ils sont avant ou au service.
Le Volley-ball : Un Sport en Évolution Constante
Les évolutions du volley-ball sont consubstantielles à la notion de rapport de forces entre l’attaque et la défense. L’égalité des chances entre l’attaque et la défense doit être préservée. Lorsque l’attaque prend l’ascendant sur la défense, les commissions réglementaires tentent de redonner des moyens à la défense et/ou de diminuer les moyens dont dispose l’attaque. L’attaque est alors, de manière relative, confrontée à de nouveaux problèmes. Ces périodes sont riches en inventions techniques, en réflexions stratégiques, en recherches de développement physique. Cette dynamique représente la vie des pratiques culturelles.
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