Le hockey féminin aux Jeux olympiques est le résultat d'une longue bataille pour la reconnaissance et l'égalité des droits dans le sport. Des figures pionnières comme Alice Milliat ont joué un rôle essentiel dans l'ouverture du monde du sport aux femmes, y compris dans des disciplines traditionnellement considérées comme masculines. Cet article explore l'histoire du hockey féminin aux Jeux olympiques, en mettant en lumière les obstacles rencontrés, les victoires remportées et l'évolution continue de ce sport.
Alice Milliat : une pionnière du sport féminin
Avant Alice Milliat, le sport féminin se limitait souvent à la danse, à la gymnastique rythmique ou au cerceau. Cependant, grâce à sa détermination, les femmes ont pu accéder à des clubs sportifs dans des disciplines telles que le football, le hockey et le rugby. Elle a même réussi à imposer la présence des femmes aux Jeux olympiques. Née en 1884, Alice Milliat était une passionnée de sport. C'est à Londres, où elle a suivi son mari, qu'elle s'est initiée au hockey, au football et surtout à l'aviron, dont elle deviendra championne. Devenue veuve à 24 ans, elle rejoint Paris et intègre le club Femina Sport, qui propose principalement de la gymnastique rythmique et dansée. Élue présidente du club en 1915, elle l'ouvre à d'autres sports réputés plus virils : athlétisme, basket-ball, football, rugby, hockey, etc.
Face à l'opposition masculine à cette féminisation du sport, Alice Milliat a estimé que les clubs féminins devaient être dirigés par des femmes. Elle est l'une des fondatrices de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives et en prend la tête en 1919, devenant ainsi la seule femme au monde à la tête d'une fédération nationale sportive féminine.
Les Jeux olympiques féminins : une réponse à l'exclusion
Alors que les femmes n'étaient admises qu'à certains sports aristocratiques aux Jeux olympiques, comme le tennis ou l'équitation, Alice Milliat a demandé au comité de Pierre de Coubertin d'inscrire des épreuves féminines d'athlétisme. Face à son refus, elle organise, en 1922, les premiers Jeux olympiques féminins à Paris, au bois de Vincennes. Des athlètes françaises, anglaises, tchécoslovaques, américaines et suisses s'y affrontent, remportant un grand succès.
Bien qu'elle ait été obligée de retirer le mot "olympique" de ses compétitions, l'enthousiasme est resté intact et, tous les quatre ans jusqu'en 1934, de plus en plus de pays y ont participé. Pour contrer ce succès, les fédérations masculines ont fini par accepter la participation des femmes à certaines épreuves olympiques, seulement 5 sur 13 en athlétisme par exemple.
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Le développement du hockey sur glace féminin
Le hockey sur glace féminin a connu un développement significatif à la fin du XXe siècle. Le premier titre olympique a été décerné à Nagano, en 1998, aux États-Unis. En France, le premier match féminin a été disputé à Paris en 1908, sous le nom de "Challenge Savoye". Le premier championnat national féminin de hockey sur glace a été organisé à Megève en 1932.
Après une interruption due à la guerre, le hockey féminin a repris son essor, notamment grâce à la bataille juridique menée par Angela Lezziero. Aujourd'hui, le hockey sur glace féminin connaît une progression, avec une augmentation du nombre de licenciées et l'entrée de l'équipe de France dans le Top 10 mondial.
Les défis et les perspectives d'avenir
Malgré les progrès réalisés, le hockey féminin continue de faire face à des défis. La précarité des joueuses, le manque de créneaux horaires dans les patinoires et la nécessité de développer la formation des encadrants sont autant d'obstacles à surmonter.
Cependant, des initiatives sont mises en place pour soutenir le développement du hockey féminin, telles que la création d'une équipe de France U16, la participation de l'équipe de France féminine U17 au championnat des garçons et le déménagement du pôle France de Chambéry à Cergy-Pontoise.
L'objectif est de permettre aux joueuses d'atteindre le niveau qui leur permettra de jouer dans de bons championnats, d'éviter de les perdre entre 16 et 18 ans et de les accompagner financièrement pour qu'elles puissent se consacrer au hockey.
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L'équipe de France féminine de hockey sur glace
L'équipe de France féminine de hockey sur glace est en constante progression. En avril prochain, elle défendra ses chances pour la première fois de son histoire, en Finlande, lors du Championnat du monde élite qui réunit les dix meilleures équipes.
L'équipe vise également une qualification pour les Jeux olympiques d'hiver de 2022 à Pékin, ce qui apporterait un coup de projecteur médiatique à la discipline et encouragerait davantage de jeunes filles à s'y investir.
Grégory Tarlé, entraîneur de l'équipe de France féminine de hockey sur glace depuis 2013, constate une évolution positive : "Elles débutent le hockey de plus en plus tôt, à 5-6 ans comme les petits garçons. Avant, à quelques exceptions près, les filles commençaient plus tard et cela créait un décalage dans les catégories".
Marion Allemoz, actuelle capitaine des Tricolores, souligne que le hockey féminin est moins axé sur les charges, mais reste physique, rapide, technique et tactique.
La Coupe du Monde Féminine de Hockey en 1974
Un événement marquant dans l'histoire du hockey féminin est l'organisation de la première Coupe du Monde Féminine des Nations en 1974, en France, à Mandelieu-La Napoule. Cette compétition a permis de mettre en lumière la pratique féminine du hockey et a contribué à son développement.
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Joëlle Coutou, joueuse internationale de 1967 à 1981, se souvient de cette époque comme d'une période d'or pour le hockey féminin en France, avec des femmes remarquables qui ont contribué à donner ses lettres de noblesse à la discipline.
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