La Ligue des Animaux : Histoire, Missions et Impact

La protection animale est un enjeu de plus en plus prégnant dans la société française. Parmi les acteurs qui œuvrent pour cette cause, « La Fondation droit animal, éthique et sciences » (LFDA), anciennement connue sous le nom de Ligue Française des Droits de l’Animal (LFDA), occupe une place singulière depuis quarante ans. Cet article explore l'histoire, les missions et l'impact de cette fondation unique dans le paysage de la protection animale en France.

Genèse et Évolution de la LFDA

La LFDA a été créée en 1977 sous le nom de Ligue française des droits de l’animal par un groupe de personnalités éminentes : l’avocat Georges Brouwers, l’éthologiste Rémy Chauvin, l’écrivain Philippe Diolé, le prix Nobel de physique Alfred Kastler et le biologiste Jean-Claude Nouët. Cette diversité de profils témoigne de l'approche pluridisciplinaire que la LFDA a adoptée dès ses débuts.

L'organisation a connu plusieurs évolutions statutaires, passant du statut d'association à celui d'association reconnue d'utilité publique en 1985, puis de fondation en 1999. En 2010, elle a refondu ses statuts et pris le nom de « La Fondation droit animal, éthique et sciences » (LFDA), tout en conservant son sigle et son esprit. Ces changements successifs ont permis à la LFDA de consolider sa structure et de renforcer son action en faveur de la protection animale.

Une Position Originale dans le Paysage de la Protection Animale

La LFDA se distingue des autres organisations de protection animale par plusieurs aspects. Contrairement aux Sociétés Protectrices des Animaux (SPA), qui ont une longue histoire, ou aux associations et fondations plus récentes qui se concentrent sur des objectifs spécifiques (bien-être des animaux de compagnie, moralisation de l’élevage, lutte contre la corrida ou l’expérimentation animale), la LFDA adopte une approche globale et réfléchie.

Elle s’intéresse à toutes les formes d’utilisation ou d’exploitation des animaux par l’homme, qu’il s’agisse d’animaux domestiques ou d’espèces sauvages vivant en liberté. De plus, elle est animée par un groupe de scientifiques, de juristes, de médecins, de sociologues et de philosophes, dont le principal domaine d’intérêt est la réflexion. La LFDA se concentre davantage sur les causes des problèmes rencontrés que sur leurs effets, et prend généralement des positions réfléchies, loin des excès extrémistes.

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Cette approche unique fait de la LFDA un centre privé de recherche pluridisciplinaire, scientifique, éthique et juridique de haut niveau. Elle est considérée comme l’axe intellectuel de la protection animale en France depuis plus de trois décennies.

Les présidents successifs de la LFDA, tous très impliqués dans ses activités, témoignent de la qualité de son travail : Rémy Chauvin (1977-1979), Alfred Kastler (1979-1984), Étienne Wolff (1984-1986), Albert Brunois (1987-1991) et Jean-Claude Nouët (1991-2012).

La Déclaration Universelle des Droits de l'Animal (DUDA)

L'une des principales réalisations de la LFDA a été sa contribution à la rédaction et à la diffusion de la « Déclaration universelle des droits de l’animal » (DUDA). Cette charte éthique originale, proclamée solennellement le 15 octobre 1978 au siège de l’Unesco à Paris, s'inspire des déclarations successives en faveur des droits de l’homme.

La DUDA ne prétend pas qu’il y ait identité entre les droits de l’animal et les droits de l’homme. Elle s'inscrit dans la continuité des idées d’Henry Salt sur la nécessité d’attribuer des droits aux animaux, et reprend une « Déclaration des droits de l’animal » proposée par André Géraud dès 1924, en lui donnant une portée universelle.

La Déclaration de 1978 comprend un préambule et quatorze articles qui visent les principales situations d’utilisation des animaux par l’homme : animaux sauvages, domestiques, expérimentation animale, spectacles et divertissements impliquant des animaux, protection des espèces, etc. Elle regroupe, sur des principes généraux, tous ceux qui se soucient du bien-être animal, sans aborder les questions qui les divisent, comme celles du végétarisme. Elle remarque l’incompatibilité de fond de l’expérimentation animale avec les droits de l’animal, sans prescrire sa suppression immédiate, en réclamant surtout le développement de méthodes de remplacement.

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Actions et Engagements de la LFDA

Outre la diffusion de la DUDA et la popularisation de la notion de « droits de l’animal », la LFDA a mené de nombreuses actions visant à promouvoir ces droits. Parmi celles-ci, on peut citer :

  • La sensibilisation des étudiants vétérinaires à la protection animale (1996).
  • La participation à de nombreux colloques organisés par des instances universitaires en France et à l’étranger.
  • Le patronage de l’exposition « Chats et chiens dans l’art » au Louvre des antiquaires (1980).
  • La création de la « Coalition contre l’élevage en batterie » (1981), qui a permis d’obtenir l’étiquetage du mode d’élevage des poules (règlement européen de 1985).
  • La fondation d’un « Comité pour le respect de la vie » (1981), présidé par le professeur Kastler, et le lancement de l’idée d’une modification de la constitution faisant du président de la République le « garant de l’intégrité biologique du territoire ».
  • La réalisation de la série d’émissions hebdomadaires « Pas si bêtes », diffusées sur France Inter (1983 et 1984).
  • La création du prix de biologie Alfred Kastler (1984), destiné à récompenser les recherches conduites sur des méthodes de remplacement du modèle animal en expérimentation.
  • La nomination, par arrêté ministériel, en tant que membre du Comité consultatif de la santé et de la protection animale (1985).
  • L’ouverture d’une procédure visant à interdire la chasse à l’arc (1987).
  • L’organisation d’une manifestation d’anniversaire de la proclamation de la Déclaration universelle, sous la présidence d’Alain Poher et de Léon Bollendorff (1988).
  • La participation aux enseignements du nouveau diplôme d’université « Formation spéciale à l’expérimentation animale », ouvert à la Pitié-Salpêtrière (1989-1995).
  • L’obtention de l’application du taux général de TVA sur les corridas (1991) et de la suppression des émissions « Face au toril » sur FR3 (1992).
  • L’ouverture d’un service de conseils juridiques sur Minitel, Animadroit (1995).
  • Les démarches auprès des députés et des sénateurs pour la reconnaissance de la nature d’ « être sensible » des animaux, qui ont abouti à la loi du 6 janvier 1999, portant modification du Code civil.

La Nouvelle Formulation de la DUDA (1989)

En 1989, la LFDA a proposé une nouvelle formulation de la Déclaration universelle des droits de l’animal, afin de rendre ses principes plus clairs. Cette nouvelle version, en dix articles, est d’esprit universel et refuse de prendre parti entre les différentes sensibilités de tous ceux qui se préoccupent de bien-être animal. Elle insiste davantage sur l’intégration des animaux aux équilibres biologiques, sans lesquels une référence aux droits de l’animal perd une partie de son contenu.

Cette déclaration de 1989 définit des principes universels, visant à être acceptables de nos jours par tous les courants de la protection animale, des plus « modérés » aux plus « radicaux ».

La Transformation en Fondation (1999)

En 1999, afin de maintenir la LFDA dans une sérénité propre au bénéfice de ses actions, les membres actifs de l’organisation ont transformé l’association en une « fondation » du même nom. Le fonctionnement rigoureux de la fondation, contrôlé par l’État, la met à l’abri de coups de force « politiques » ou autres.

Activités Récentes de la Fondation

Sous sa nouvelle dénomination, la LFDA a poursuivi ses activités à un rythme accru. Parmi celles-ci, on peut citer :

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  • La transformation du bulletin d’information de la LFDA en une revue trimestrielle de référence, diffusée à deux mille exemplaires.
  • Une concertation avec madame Sophie Joissains, sénatrice des Bouches-du-Rhône, sur un projet de loi demandant aux services vétérinaires de signaler les cas de maltraitance d’animaux dans l’environnement domestique aux services sociaux de protection de l’enfance et des femmes (2010).
  • L’organisation de quatre réunions de travail impliquant la commission « Condition animale » et le think tank « Valeur écologie », autour des députés Lionnel Luca et François Grosdidier, visant à rédiger une proposition de loi créant une personnalité juridique de l’animal dans le Code civil (2010).
  • La participation à la publication d’une lettre ouverte au président de la République sur la banalisation de l’abattage sans étourdissement préalable (2010).
  • La participation à une lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale, demandant l’annulation de la convention de partenariat signée entre son ministère et la Fédération nationale des chasseurs (2010).
  • La participation à la rédaction de deux ouvrages collectifs (2011).
  • L’organisation, à l’Institut de France, des colloques « Humanité, animalité : quelles frontières éthiques? » et « Humanité, animalité : quelles frontières juridiques ? » (2004).
  • La contribution à l’organisation, à l’hôpital de la Salpêtrière, du colloque « Humanité, animalité : pathologies et frontières » (2005).
  • La remise à monsieur Dominique Perben, alors ministre de la Justice, du « Rapport sur le régime juridique de l’animal » de madame Suzanne Antoine (2005).
  • Le recrutement du biologiste Thierry Auffret Van Der Kemp au poste de directeur (2006).
  • L’organisation du colloque « Homme et animal : de la douleur à la cruauté » à la Grande Halle de la Villette (2007).
  • La participation active aux « Rencontres animal et société » au ministère de l’Agriculture (2008).
  • La publication de l’ouvrage Les droits de l’animal écrit par Jean-Marie Coulon et Jean-Claude Nouët (2009).
  • La participation au colloque international « Le droit de l’animal » organisé par le Grida de l’université du Québec à Montréal (2009).
  • La loi du 9 mars 2004 (article 50) complète l’article 521-1 du Code pénal et permet une répression plus sévère des sévices de nature sexuelle sur les animaux suite aux interventions de la LFDA.

Le Concept de "Droit de l'Animal"

Le concept de « droit de l’animal », qui reste au centre de l’activité de la LFDA, est devenu ambigu pour le grand public, notamment à cause de l’utilisation d’une terminologie voisine par des groupes anglo-saxons beaucoup plus radicaux dans leurs approches.

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